En tant que gestionnaire de la base de données ProtestantsGenWeb, j'ai été le destinataire d'un très curieux envoi de la part d'un Suisse allemand issu d'une vieille famille française émigrée en Allemagne après la Révocation de l'Edit de Nantes (1685).
Il s'agit du scan d'une revue allemande « Colonie Française » éditée en 1890 à Berlin, dans laquelle est retracée l'arrivée de ces migrants et leur installation, suivi de la liste nominative des familles. Je ne donne ci-dessous que les familles drômoises.
NB : le texte original est imprimé en allemand « gothique » et le papier est déchiré à certains endroits, ce qui a empêché de lire tous les noms et de trouver toutes les villes. (voir fac-simile ci-après) Vous pourrez en lire une traduction que j'ai fait vérifier par un locuteur. Les villages qu'ils ont habités sont groupés dans le « canton de Solms » :
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Wilhelm Moritz Comte de Solms-Greifenthal, accueillit en août 1686, 90 fugitifs, qui en majorité venaient du Sud de la France. La tradition rapporte que le Comte les aurait trouvés par hasard à la source romaine1 lors d'une chasse et leur aurait aussitôt attribué une habitation. Historiquement les choses se présentent différemment. Un an avant, déjà, des fugitifs de Mons s'étaient présentés au Comte pour demander l'octroi de conditions d'accueil exceptionnelles. La lettre est datée du 10 août 1685 et signée Ferron, Reynaud, Urbain. Dans le but d' accueillir ces réfugiés, le Comte acheta aux habitants allemands de son village leurs biens et denrées qui furent partagés entre les fugitifs. Comme cela n'était pas suffisant, il fut fondé aux environs de Daubhausen, et comme succursale, un nouveau village, Greifenthal. A ce sujet le Comte dit ce qui suit, dans la lettre de liberté qu'il confia aux colons :
« Nous, touchés de compassion envers ces pauvres réfugiés, avons reçu dans nos états un certain nombre de familles de ces dits réfugiés français, leur ayant livré une certaine étendue dans la forêt qui est dans la vallée entre Greiffenstein et Daubhausen pour y défricher, ce qui a été fait en sorte qu'il y a à présent un nouveau village que nous avons fait nommer Greiffenthal. »
(en français dans le texte original)
A ces 190 immigrants s'en sont ajoutés d'autres, de telle sorte que le 2 juillet 1703, la paroisse française de Daubhausen-Greifenthal comptait 247 âmes.
La plupart des colons travaillaient la terre, mais il ne manquait pas d'ouvriers, teinturiers, faiseurs de bas, chapeliers, etc..., parmi lesquels quelques-uns fréquentaient l'église de Leipzig.
Ils entretenaient des liens animés avec les colonies de Hesse, et ainsi, en 1720, dix familles déménagèrent de Daubhausen à Kurhessen, où ils furent assignés à la vieille commanderie {de l'ordre} de Saint Jean « Wiesenfeld » près de Louisendorf.
La langue française s'est maintenue jusqu'à nos jours. Après le décès du pasteur Brunnet, en 1825, le prêche se fit librement en allemand, mais les services et le catéchisme se maintinrent en français quelque temps jusqu'à ce qu'ils deviennent obligatoirement en allemand. Beaucoup de descendants portent encore de nos jours le caractère de leurs origines méridionales.
Le 2 juillet 1703 fut ouvert un registre des habitants qui regardant 18 ans en arrière « que Dieu a permis que nous ayons estés chassés de France à cause de nos pechez et pour avoir voulu demeurer fermes en la vérité de Sa Sainte parole. »
Voici les souches familiales.
NB : dans la liste ci-dessous, ne sont mentionnés que les protestants drômois. Si vous voulez connaître l'ensemble des migrants cités dans ce texte, je vous invite à vous reporter à la base ProtestantsGenWeb :
Les Pasteurs de Daubhausen-Greifenthal étaient :
Sandy-Pascal ANDRIANT
La Lettre du CGDP 11-04-2012