Histoire des communes du Cantal
Sommaire
Présentation
La paroisse, cellule de base de l'administration de l'ancien régime, a traversé la Révolution sans bouleversements majeurs. Elle est restée l'unité administrative du nouveau régime sous le nom de commune.
Cette continuité, plus ou moins affirmée selon les régions, permet de retracer l'histoire administrative. Le Cantal est remarquable par sa cohérence "territoriale". Issu de la province d'Auvergne, ce département hérite en 1790 d'une entité géographique déjà profondément enracinée dans les faits : la Haute-Auvergne, distincte de la Basse-Auvergne. Sur les deux cent soixante treize noms de communes qui, en février 1790, apparaissent sur la liste constitutive du tout premier "département du Haut-Pays d'Auvergne", seules trente-neuf ne dépendaient pas du "Haut-Pays". Trente-six communes appartenaient à la "Basse-Auvergne" (dont quatre optèrent pour le département du Puy-de-Dôme : trois, dès mars 1790, et une, lors du dénombrement de l'An II) et trois étaient extérieure à l'Auvergne et firent également défaut au Cantal (Lacalm et La Chapelle-Chaniès, du Rouergue, furent rattachées à l'Aveyron dès l'An II, et St-Thomas, du Limousin, fut rattaché à la Corrèze lors des modifications de limites entre les deux départements en l'An XI-XIII). Ultérieurement, deux ordonnances de 1829 modifient encore les limites départementales entre le Cantal et la Corrèze par échange de territoires entre les communes de Bort (Corrèze) et celles de Madic et Champs, et la loi du 9 août 1847 fixe les limites entre la commune de Leyvaux (Cantal) et celle d'Anzat-le-Luget (Puy-de-Dôme).
Dans le règlement du 22 février 1790, les communes de Lanobre, Champs, Marchal et Trémouille-Marchal étaient incluses dans le canton de Riom. Menaçant de demander leur rattachement au Puy-de-Dôme, elles réclamèrent leur propre canton, et finirent par l'obtenir par un arrêt du Directoire du département, en date du 24 décembre 1790. Une cinquième commune (Beaulieu) devait compléter ce canton dont le chef-lieu fut décidé à Champs.
Les députés du Haut et Bas-Pays oublièrent la paroisse de Beaulieu. L'erreur une fois aperçue, chacun des département s'empressa naturellement de réclamer cette commune isolée. Beaulieu parut pencher pour le Cantal, et celui-ci se l'annexa.
Le 22 février 1790 fut constitué le département du Haut-pays d'Auvergne. Invité à choisir son nom quelques jours plus tard, il prit celui du sommet le plus élevé de ses montagnes et devint le Cantal. Aurillac et Saint-Flour se disputèrent l'honneur d'en être la capitale, mais il fut décidé que ces villes d'égale importance en seraient tour à tour le chef-lieu pendant 2 ans. Après un passage à Saint-Flour, les assemblées administratives s'établirent en fait à Aurillac et un décret de 1794 mit fin à l'"Alternat ". Aurillac devient plus tard le siège de la préfecture et Saint-Flour se vit attribuer le siège de l'évêché.
Des paroisses aux communes
Le procès-verbal du 22 février 1790 présente 273 noms de lieux constitutifs du département nouvellement créé. Mais suivons plus précisément l'évolution de ce nombre de "communes" jusque dans les premières années du XIXème siècle :
· 22 février 1790 : 273 noms de communes
· Mars 1790 : les communes d'Espinchal, de la Godivelle et de Ste-Alyre optent pour leur rattachement au département du Puy-de-Dôme : soit 270 noms.
· Septembre 1790 : une nouvelle liste nomme Chazelles et Vebret, deux communautés qui avaient été oubliées en février, et sept collectes ( Albanies, les Arbres, Châteauneuf, Laganne, Muradès, Selins et Pradiers) : soit 279 noms.
· An II : la communauté de Beaulieu, elle aussi oubliée en février 1790, réapparaît; le village de St-Pierre disparaît (absorbé par la commune de Pléaux); Anzat rejoint le Puy-de-Dôme; la collecte de Bussières réintègre sa paroisse (Lacalm) ainsi que le village de Burgairettes la sienne (La Capelle-Chaniès), toutes deux communes du département de l'Aveyron : soit 276 noms.
· An XI : le village de St-Thomas est rattaché à la commune de Bort dans le département de la Corrèze et les foraines de Pierrefort, de Ruynes et de St-Flour sont chacune réunies à leur paroisse d'origine : soit 272 noms
Les noms des communes
Au cours des deux derniers siècles, trente deux communes ont modifié leur nom (cf. tableau plus loin). La plupart de ces modifications n'ont pour objet qu'une différentiation entre homonymes (La Capelle-en-Vézie, voisine de La Capelle-del-Fraisse, devient Lafeuillade-en-Vézie), par une précision de proximité d'une ville plus importante (Anglards-de-St-Flour et de Salers, St-Bonnet-de-Salers et de Condat, St-Rémy-de-Chaudes-Aigues et de Salers), ou bien sont consécutives à un transfert de chef-lieu de la commune (Monteil, Neussargues, etc.), soit à un rattachement de communes (Champs-sur-Tarentaine-Marchal, Mandailles-St-Julien, etc.). Deux communes changent radicalement leur nom : Sarrus prend le nom de Fridefont en 1909, et Fournols devient Rézentières en 1806, toutes deux prenant le nom d'écarts qui existaient déjà sur la carte de Cassini, au début du XVIIIème siècle.
Liste alphabétique des changements de noms
Anciens noms Dates Nouveaux noms
Anglards 1949 Anglards-de-Saint-Flour
Auriac 1918 Auriac-l'Eglise
Arpajon 1921 Arpajon-sur-Cère
Barriac 1928 Barriac-les-Bosquets
Bredons 1955 Albepierre-Bredons
Champs 1916 Champs-sur-Tarentaine
Champs-sur-Tarentaine 1972 Champ-sur-Tarentaine-Marchal
Chastel-Marlhac 1903 Monteil
Chaudesaigues 1935 Chaudes-Aigues
Cros-de-Montanat 1846 Cros-de-Ronesque
Fournols 1866 Rézentières
Lacapelle-en-Vézie 1932 Lafeuillade-en-Vézie
Mandailles 1972 Mandaills-Saint-Julien
Moissac 1873 Neussargues
Naucelles 1972 Naucelles-Reilhac
Naucelles-Reilhac 1983 Naucelles
Neussargues 1901 Neussagues-Moissac
Riom 1836 Riom-ès-Montagnes
Roannes 1844 Roannes-Saint-Mary
Roussy 1906 Vezels-Roussy
Ruines 1962 Ruynes-en-Margeride
Saint-Bonnet 1955 Saint-Bonnet-de-Condat
Saint-Bonnet 1955 Saint-Bonnet-de-Salers
Saint-Christophe 1936 Saint-Christophe-les-Gorges
Saint-Etienne-de-Riom 1962 Saint-Etienne-de-Chaumeil
Saint-Mamet 1844 Saint-Mamet-la-Salvetat
Saint-Mary-le-Cros 1890 Ferrières-Saint-Mary
Saint-Paul 1981 Saint-Paul-de-Salers
Saint-Projet 1949 Saint-Projet-de-Salers
Saint-Rémy 1955 Saint-Rémy-de-Chaudes-Aigues
Saint-Rémy 1955 Saint-Rémy-de-Salers
Sarrus 1909 Fridefont
Ségur 1949 Ségur-les-Villas
Liste des collectes érigées en communes en 1790
Dès février 1790
Murat à partir de Bredons
Badailhac à partie de Raulhac
Pailherols à partie de Raulhac
Bussières * à partir de Lacalm (Aveyron)
La foraine de Pierrefort * à partir de Pierrefort
La foraine de Ruines * à partir de Ruines
La foraine de Saint-Flour * à partir de Saint-Flour
En septembre 1790
Muradès (devient La Monselie en 1870) à partir de Vignonet
Pradiers (les villages et le Petit-Allanche) à partir d'Allanche
Selins * à partir de Saint-Hippolyte
Les Arbres * à partir de Riom
Châteauneuf * à partir de Riom
Albanies * à partir de Menet
Laganne * à partir de Menet
- signale la suppression ultérieure de la commune
Liste des communes disparues depuis 1790
Communes disparues Dates Communes absorbantes
Albanies 1836 Menet
Les Arbres 1836 Riom *
Bournoncles 1972 Loubaresse
Brageac 1972 Ally
Chanet 1964 Allanche
Châteauneuf 1836 Riom *
Drignac 1972 Ally
Espinadel 1829 Glénat
Laganne 1836 Menet
Loupiac 1972 Pleaux
Lussaud 1836 Laurie
Magnac 1831 Sarrus *
Mallet 1839 Sarrus et Faverolles *
Marchal 1972 Champs-sur-Tarentaine *
Le Morle 1837 Ruines *
Prodelles 1823 Champagnac
Ronesque 1846 Cros-de-Montamat *
Saint-Christophe-les-Gorges 1972 Pléaux
Saint-Etienne-sur-Massiac 1837 Massiac et Bonnac
Saint-Gal 1839 Ruines et Vabres *
Saint-Julien-de-Jordanne 1972 Mandailles *
Saint-Martin-de-Valois 1826 Saint-Cernin
Saint-Mary 1844 Roannes *
Saint-Maurice 1832 Valuéjols
Saint-Rémy-de-Salers 1972 Saint-Martin-Valmeroux
Saint-Victor (sur-Massiac) 1837 Massiac et Molompize
Salsignac 1826 Antignac
La Salvetat 1844 Saint-Mamet *
Selins 1836 Saint-Hippolyte
Tourniac 1972 Pléaux
Muradès, supprimée et rattachée à Antignac en 1826, est rétablie en 1870 sous le nom de La Monselie. Reilhac, supprimée et rattachée à Naucelles en 1972, est rétablie en 1982. Albepierre disparaît en 1787 au profit de Bredons
Liste des communes créées depuis 1790
Communes créées Dates Communes d'origine
Besse 1953 Saint-Cirgues-de-Malbert
Chanterelle 1847 Condat
Le Claux 1835 Cheylade
Le Fau 1870 Fontanges
Freix-Anglards 1839 Saint-Cernin
Lapeyrugue 1876 Labesserette
Laveissière 1836 Bredons
Lavigerie 1839 Dienne
Loubaresse 1878 Chaliers
Monboudif 1865 Condat
Le Rouget 1945 Saint-Mamet-la-Salvetat et Pers
Saint-Antoine 1839 Leynhac
Saint-Pierre-le-Peil 1871 Champagnac
Valette 1871 Menet
Le Vaulmier 1839 Saint-Vincent-de-Salers
Velzic 1874 Lascelle, Saint-Simon et Vic
Saint-Julien-de-Jordanne, créé en 1844 à partir de Saint-Cirgues-de-Jordanne, est rattachée en 1972 à Mandailles qui prend alors le nom de Mandailles-Saint-Julien.
Source : Charles Bouyssi